les commune
Présence turque 1515- 1830
Durant l’occupation ottomane qui aura duré plus de trois siècles, cette région est restée insoumise tout le temps en guerre contre les Turcs, en refusant de payer les impôts, sauf pour ceux qui avaient préféré vivre dans les plaines et se soumettre aux lois de l’occupant, mais les historiens ne l’évoquent que pour parler des batailles qui s’y déroulent à l’occasion du passage des caravanes turques de Constantine à Alger.
Présence française
Le nom de Maillot est intimement lié aux succès notables de la lutte qui dut être menée en Algérie contre le paludisme.
Nul n'ignore que ce médecin militaire, né à Briey (Meurthe et Moselle) en 1804, mort à Paris en 1894, introduisit en Algérie l'usage courant de la quinine.
On sait aussi la portée de son rôle, les heureux résultats de son action, de son dévouement sans limites.
Sa mort ne laissa pas les Algériens indifférents. De nombreux témoignages le prouvèrent. C'est ainsi qu'en 1880 le nom de Maillot fut donné à un village de Kabylie et, durant la guerre 1914-1918, à l'hôpital militaire du dey.
1895, on ouvrit à Alger une souscription en vue d'élever un monument à la mémoire du grand médecin.
Création du centre
Le lieu d’implantation de Maillot a été décidé par rapport à sa position sur “les hauteurs avec un climat plus sain que la plaine”.
Pour l’implanter, il fallait procéder à une opération d’expropriation. L’administration a indemnisé les chefs de tribus des douars qui vivaient misérablement sous les tentes.
C’est ainsi que fut créé le village de Maillot sur les terres à l'abandon des Ouled Brahim, fraction importante faisant partie des douze tribus de la tribu des M’chedallah.
Après plusieurs mois de tractations pour l’eau, les premiers colons arrivèrent vers la fin de 1882. Au total, il était prévu 50 familles civiles mais en fin de compte les premiers colons arrivés le 20 octobre 1882 n’étaient que 11. Et depuis, ce fut un va-et-vient incessant de familles qui occupèrent la région. Les cultures, en l’occurrence les vignobles n’étaient pas prospères dans cette région, ce qui a dissuadé plus d’un à s’y installer.
*** A l’initiative de M. Mahmoud Toumi, un des membres les plus actifs dans le mouvement associatif au niveau de la région, puis, plus tard, au sein du comité citoyen de M’chedellah (ex-Maillot), une conférence portant sur la naissance de ce village à partir des archives coloniales aura lieu ce jeudi au niveau du centre culturel de M’chedellah. Selon notre interlocuteur, tout a commencé lorsque Mme Dominique Martre, son ancienne enseignante au niveau du CEM Amrouche-Mouloud de M’chedellah au début des années 1970, l’a contacté par Internet.
** Cette enseignante établie en France et qui avait séjourné à M’chedellah pendant plusieurs années a commencé à fouiner dans les archives coloniales ouvertes au grand public depuis 2002, pour replonger dans le passé de ce village dont “elle garde de très beaux souvenirsâ€Â. Une fois plongée dans ce passé, Mme Martre ne pouvait plus lâcher tellement les données qu’elle avait trouvées et qui remontent au début des années 1720, c’est-à dire plusieurs décennies avant la création du village Maillot qui fait office aujourd’hui de chef-lieu de l’APC de M’chedellah, l’avaient subjuguées. C’est ainsi qu’a germé dans son esprit l’idée d’écrire un livre d’histoire sur ce village. Ainsi, et d’après ce que Mme Martre avait réuni comme données historiques, et dont nous détenons une copie, il y a de quoi se régaler. Avec d’abord l’histoire de la désignation de la djemaâ des Ath Brahim du nouveau marché hebdomadaire au lieudit Ighil-Boumlil, qui deviendra plus tard le village colonial Maillot. Un marché qui fut longtemps implanté à Saharidj au lieudit Tala Larbâa, mais qui dut être transféré après une histoire de guerre fratricide qui englobera tous les villages du arch M’chedellah à cause d’une femme. Ensuite, Mme Martre relatera les études qui ont été effectuées par les militaires au début des années 1870 pour repérer les lieux susceptibles d’abriter les centres de peuplement coloniaux pour encourager les civils français à s’y implanter et la désignation du lieudit Ighil Boumlil comme lieu idéal par sa situation géographique, implanté sur les hauteurs, c’est-à -dire là où le paludisme ne pourra pas sévir comme l’aura démontré quelques années auparavant le médecin militaire Maillot, nom duquel est baptisé le nouveau village colonial, problème des expropriations des propriétaires terriens des autochtones, les déportations, etc. En somme, un travail scientifique et méthodique qui mérite toute la considération et dont l’auteur, Mme Martre voudrait, avant tout, le confronter à l’histoire orale telle que racontée par nos grands-parents, avant de l’éditer. Et c’est en partie l’objet de sa visite dans cette région. A signaler que pour cette conférence plusieurs personnalités politiques et historiques de la région seront invitées, ainsi que les maires qui se sont succédé à la tête de l’APC de M’chedaellah depuis le premier responsable de la délégation communale au lendemain de l’indépendance jusqu’au dernier maire, 1997-2002.
boukrif nassim
chorfa
Chorfa n'Bahloul et les Chorfas du Maghreb
(Histoire) - Auto-Éditions, Alger, 2005
Le Jour d'Algérie 18 janvier 2006
Chorfas du Maghreb ou le vécu spirituel des ancêtres
«Je voulais le réaliser pour moi-même d’abord. Je voulais faire œuvre de création, pour, modestement, contribuer à quelque chose, pour mon pays, ma région que j’aime beaucoup. D’autant plus qu’on a tendance à croire que la Kabylie n’a pas beaucoup laissé d’œuvres écrites dans sa longue histoire.»
Ainsi est donc l’objectif de Madjid Cherifi, DESS 3e cycle, auteur de Chorfa N’bahloul et les Chorfas du Maghreb. L’auteur, qui entame son œuvre par une description du cadre dans lequel il est «poussé» à écrire, consacre son livre à l’histoire des Chorfas et à d’autres populations qui ont vécu au Maghreb, spécifiquement en Kabylie. L’auteur, qui a dû beaucoup fouiner pour parvenir à concrétiser ce livre, n’omet pas de mettre en exergue les cohabitations réussies entre tout cet amalgame de dynasties dans la terre ancestrale de Kabylie, grâce essentiellement aux M’rabtines.
«Le déclin des grands royaumes maghrébins au XIVe siècle a laissé place à la résistance mystique des populations face aux menaces extérieures, à la famine et à l’épidémie. Le rôle des M’rabtines – marabouts – et des Chorfas pour préserver l’identité algérienne et plus généralement maghrébine contre les appétits espagnols, les injustices des gouvernements turcs ou locaux, et la colonisation française ne peut être contesté aujourd’hui», peut-on lire dans la page de couverture. Ne se contentant pas de mettre sur écrit l’histoire orale transmise de père en fils, M. Cherifi a eu recours, le long de l’ouvrage de 288 pages, à d’éminents historiens, notamment MM. Keddache, Genevois et Hadj Sadok. L’ouvrage n’est pas seulement la concrétisation d’une idée de l’auteur, subjective, puisqu’elle parle de ses ancêtres, mais une véritable bibliographique. Une recherche qui traduit on ne peut mieux la volonté de l’écrivain à mettre en évidence l’histoire de toute une région. D’un pays.
Sorti récemment aux éditions FIG industries graphiques, le livre Chorfa N’bahloul et les Chorfas du Maghreb, ce livre de 288 pages, se vend dans les librairies. L’auteur estime que par cet ouvrage qu’il vient de commettre, il contribuera à l’enrichissement et la sauvegarde de l’histoire de la Kabylie et celle de l’Algérie particulièrement.
Voyage au coeur des walis, m'rabtine...
Né de l'amour pour l'histoire de sa terre natale et du fruit de la découverte d'un manuscrit chez un vieil homme au village de Ivahlal près de Tazmalt, l'auteur Madjid Cherifi n'a pas hésité un instant à pousser ses recherches jusqu'à la conception de Chorfa n'Bahloul et les Chorfas du Maghreb.
Des recherches qui ont été renforcées pour l'essentiel par la tradition orale et les ouvrages et articles d'historiens français ayant suivi la trajectoire de la colonisation depuis 1830. Comme, il s'est inspiré des histoires et aventures racontées par les voyageurs captifs et les encyclopédies arabes et autres généalogies des personnages, walis, saints et mystiques. Un ouvrage fait à compte d'auteur pour les auteurs des racines identitaires de l'Algérie profonde.
Une Algérie profonde et riche d'un patrimoine historique et culturel qui est négligé en permanence. Au lecteur, Chorfa n' Bahloul et les Chorfas du Maghreb offre un voyage garanti cent pour cent mystique à travers les racines du temps. Un temps présenté en deux parties. La première s'est portée essentiellement sur l'édification du village de Chorfa n'Bahloul, son histoire depuis le XVe siècle à ce jour. On y retrouve par ailleurs, la biographie de Sidi Bahloul Ben Assem et celle de son fils M'hamed Ben Ghobri.
Dans la deuxième partie, l'écrivain a accentué ses investigations sur les monèmes des Idrissides et sur la communauté des chorfas qui s'est étendue dans tout le Maghreb. Dans l'ouvrage, le lecteur pourra trouver une copie du manuscrit et des références au Kitab En Nassab, à la Riha d'El Wartilani et Au royaume de Koukou avec Ahl Ibrahim et Aït Ali Outaleb. En outre, le mouvement historique de la zaouïa des Chorfas est défini du XVIe au XXe siècles, et ce, à travers trois périodes succinctes. Accalmie et trouble, instabilité et développement, conflits et mésentente… sont globalement les caractéristiques des étapes de la vie des Chorfas.
En bref, Madjid Cherifi s'est lancé à pieds joints dans une œuvre qui a beaucoup de mérite. Une initiative à renouveler parce que l'avenir d'une nation ne peut se construire que sur les bases solides de son passé. A lire !
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Le fils d'un grand résistant de la région de l'Oriental a adressé cette lettre à TelQuel. Il y raconte l'horreur vécue par son père et ses compagnons au bagne français d'Aghbalou N’Kerdouss, et réclame un travail de mémoire sur cet épisode oublié du protectorat. Nous sommes en 1952, au nord-ouest de Berkane, dans la région orientale du Maroc. Des troupes de la police et de l'armée françaises encerclent la ferme de l'Haj Benameur, un notable de la région. Benameur est arrêté, menotté et battu sous les yeux de ses enfants, avant d'être embarqué dans un camion. |
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L'Haj n'en était pas à ses premiers déboires avec les autorités françaises. Dès 1948, il subit les persécutions successives des résidents généraux Juin, Guillaume et Lacoste. Il fut emprisonné à maintes reprises, puis exilé en France. À Vichy plus exactement. L'Haj Benameur a eu pour compagnons de lutte ses frères M'hamed, Benchat et Ali, qui furent également emprisonnés et torturés. Le premier est mort des suites des sévices infligés par le commissaire Canales, de triste mémoire, et un colon français. Quasiment chaque soir, au commissariat de Berkane, ces deux hommes torturaient des nationalistes et semblaient même trouver un plaisir particulier dans cet exercice. Quant à L'Haj Benameur, il allait tout simplement disparaître après son arrestation à la ferme. Sa famille, sans nouvelles de lui depuis lors, retrouvera finalement sa trace une année plus tard, en 1953 : il était enfermé au bagne d'Aghbalou N'Kerdouss, région de Guelmim, dans le sud du Maroc. Un lieu que peu de Marocains connaissent, mais qui a "accueilli" de grands noms de la résistance marocaine. Parmi eux, citons Driss M'hammedi, Mokhtar Soussi, Ahmed Yazidi, Benabbes Taarji, Mehdi Ben Barka, Omar Benchemsi, Mekki Baddou, Ahmed Bennani, Mohamed Mjid, Saïd et Houcine Ahizoune… Mais d'autres noms sont restés dans l'ombre, particulièrement les cinq de l'Oriental : Haj Boufelja, Haj Chatar, Kaddour Ourtassi, Mustapha Mechrafi et l'Haj Benameur. Devoir de mémoire Il est important que les Marocains se souviennent de tout cela, car c'est de leur Histoire qu'il s'agit. Il est important qu'ils prennent conscience de l'apport à la résistance de la région de l'Oriental, et notamment de la tribu des Beni Snassen. Les faits historiques sont là, mais ensevelis sous une épaisse couche d'oubli que personne n'a entrepris d'effacer. Il faut savoir, par moments, dépoussiérer les livres d'Histoire, pour que les générations actuelles et futures se souviennent. Les prisonniers d'Aghbalou ont été sauvés par un certain François Mauriac qui, en 1952, jeta tout le poids de son prix Nobel pour dénoncer la torture que les autorités du protectorat exerçaient au Maroc. La Croix rouge internationale prit finalement ces prisonniers sous sa protection, avant qu'ils ne soient officiellement considérés comme d'anciens prisonniers politiques. Il faut rendre hommage à ces héros sans gloire de l'Oriental, aux noms cités plus haut - mais aussi à la famille Bachiri, à Mohamed Derfoufi (assassiné le 11 novembre 1954), à Mustapha Belhaj, aujourd'hui plus que centenaire et qui vit toujours à Berkane… Dans un document datant de 1938, le général Noguès demandait l'expulsion de ce dernier pour “trouble à l'ordre public et aide au mouvement nationaliste”. Hommage donc à tous ces anonymes qui ont sacrifié leur vie et leurs biens pour l'indépendance du Maroc. Si seulement les enfants des anciens prisonniers d'Aghbalou se mobilisaient, afin que la mémoire de leurs pères ne soit pas oubliée. Feu Omar Benchemsi a bien créé l'association des anciens d'Aghbalou, mais celle-ci a sombré dans l'oubli depuis 1999, date de son dernier rassemblement à Meknès. Aujourd'hui, il est crucial de se souvenir d'Aghbalou. Il faut réunir les documents historiques (car il y en a) et recueillir les témoignages des survivants (il y en a de moins en moins). Pour la mémoire, pour l'Histoire. |